La légende du Saint Trou au Muy
Entrée nord-ouest du Saint Trou (Photo Wikipédia)
On était dans les siècles de foi où les âmes pures dégoutées du monde, assoiffées de Dieu, se précipitaient dans la solitude et la pénitence, avec plus d'ardeurs que les mondaines n'en mettaient à rechercher le gloire et les plaisirs. Thébaïde favorable aux exercices de la contemplation, une jeune chrétienne s'y réfugia : Marie était son nom, à l'insu de sa famille et y mena pendant quelques temps, une existence angélique. Elle buvait l'eau vive des montagnes et se nourrissait des fruits des bois, des racines d'arbres et d'une sorte de miel sauvage que les abeilles déposaient dans le creux des rochers.
Un jour, un chasseur nommé Robert, aperçoit la sainte recluse. Oubliant lièvre timides, tourterelles roucoulentes et charmants petits oisaux à la gorge pleine de musique, il laisse dormir les flèches de son carquois. Il ne songe qu'à tendre des pièges à la Vertu... Marie, elle, s'enfuit. Elle court, elle vole, c'est l'amour de la Sainte Vertu qui lui donne des ailes.
Extrémité sud-est de la faille vue de l'intérieur (Photo Wikipédia)
Elle s'enfonce dans un obscur défilé. Robert, impuissant à s'y frayer un passage, voit disparaître la jeune fille. Cette ouverture, c'est le Saint Trou. A quelques temps de là, arrivé à l'endroit où s'élève un chêne gigantesque, Robert fut enveloppé tout à coup d'une grande lumière. Une voix céleste se fit entendre : "Ne touche pas à la vierge, si ce n'est pour ensevelir ici son corps très pur". Il se releva converti, n'ayant plus que des pensées chastes et le désir de retrouver l'aimable créature. Puis, aux gémissements qui se faisaient entendre, il se précipita vers la jeune fille qui agonisait. Obéissant à la Reine du Ciel, il transporta cette chaste dépouille et l'ensevelit sous le chêne, après lui avoir fait une couronne de myrtes, de pervenches et de myosotis. Lui-même bâtit une cabane avec un oratoire à Notre-Dame des Spasmes et se voua à l'existence des cénobites. Quelques jeunes gens l'imitèrent. Ce fut l'origine de la chapelle et du couvent de Notre-Dame de la Roquette.
Source : Guide touristique édité par le Syndicat d'Initiative du Muy - 1990.
Explications : Thébaïde : (du latin Thebais,-idis), en Égypte, région de déserts où se retirèrent nombre d'ascètes chrétiens.
Cénobites : (du latin ecclésiastique cœnobita, de cœnobium, monastère, du grec koinobion). Moines vivant en communauté selon les règles du cénobitisme.
Chapelle de Notre-Dame de la Roquette sur le rocher de Roquebrune de nos jours complétement ruinée (photo internet)