Histoire du maquillage au fil des siècles
Histoire de l'Evolution Humaine : Homo Sapiens
Depuis toujours, les hommes et les femmes ont cherché à sublimer leur beauté grâce à l'utilisation de produits cosmétiques. L'usage de maquillage remonte à la nuit des temps et il est probable que les hommes préhistoriques pratiquaient déjà la peinture corporelle. Je vous propose de retracer l’histoire du maquillage au fil des siècles.
A l’Antiquité de -3000 à 476
L’utilisation de maquillage est une pratique plusieurs fois millénaire : si l’on en trouve les premières traces écrites dans la Bible, l’archéologie a permis de retrouver des accessoires et des cosmétiques remontant à 3000 ans avant JC.
Egyptienne aux yeux soulignés de khôl (Musée du Louvre)
3000 ans avant notre ère, les Egyptiens mettaient leurs yeux en valeur grâce au khôl, qui était fabriqué à base de suie ou de plomb, du fard rouge pour les lèvres et les joues à base de rouge minéral comme le coquelicot et du henné pour colorer les ongles… Et déjà ils appliquaient du carbonate de plomb appelé aussi blanc de céruse sur le visage pour blanchir la peau. Le khôl avait aussi la fonction de protéger les yeux des rayons du soleil et des conjonctivites.
Gravure représentant une caravane sur la route de la soie
En fait, ce sont les caravanes acheminant les épices et la soie en Europe qui ont fait connaître les produits de maquillage en Grèce et dans tout l'Empire romain. Dans la Grèce antique, notamment à Athènes et à Sparte, cette pratique était à l’origine interdite aux femmes respectables et réservée aux courtisanes. Sous l'Empire romain, les patriciennes (personnes qui faisait partie de la noblesse, de la classe privilégiée) consacraient beaucoup de temps à leur toilette, leur coiffure et leur maquillage. Ovide (poète latin) a d’ailleurs écrit un traité à ce sujet dans lequel il donne aux coquettes de son temps de nombreux conseils et recettes de beauté (Ovide : Les Fards ou Soins du visage). Chez les Grecques comme chez les Romaines, un masque à base de poudre d’orge, de miel et d'oeuf était destiné à éclaircir le teint. Les sourcils étaient noircis avec du charbon. A noter : le blanc est la couleur des nobles (c'est-à-dire, ceux qui ne travaillent pas). Très réputée, de l’urine humaine et animale était importée d’Espagne et donc vendue à prix d’or, pour se faire des bains de bouche tous les matins afin d’avoir les dents blanches. Pour se rafraîchir l’haleine et se laver les dents, des feuilles de myrrhe mélangées à du vin et des pétales de roses étaient utilisées. Au Ier siècle, la mode voulait que l’on s’éclaircisse la peau avec de la céruse et de la craie, qu’on souligne le regard d’un trait de khôl et que l’on rehausse son teint et ses lèvres avec du rouge.
A noter : à cette époque et jusqu’au début du XIXème siècle, les cosmétiques utilisés (notamment le blanc de céruse) sont des produits toxiques qui contiennent du plomb et du mercure.
Pot contenant du blanc de céruse (photo internet)
Quelques explications
Blanc de céruse : La céruse, encore appelée blanc de Saturne, blanc de plomb ou blanc d'argent, est un pigment synthétique blanc opaque à base de plomb. La céruse est un produit de la chimie, mais elle existe aussi dans la nature sous forme de minéral dont le nom est l'hydrocérusite. Le blanc de plomb servait aussi à fabriquer des peintures et du fard blanc dès l'Antiquité. Sa toxicité est affirmée au XVIIIème siècle. Cependant, réputé être le meilleur pigment blanc, il reste en usage même après la mise dans le commerce d'alternatives, d'abord le blanc de zinc au XIXème siècle, puis le blanc de titane au XXème siècle. Son usage est interdit au début du XXème siècle. La diminution de l'emploi de la peinture à l'huile hors du domaine des beaux-arts lui a fait perdre son importance.
Maquillage de l'Egypte antique
Khôl, kohol ou kohl : (mais aussi en égyptien ancien : mesdemet), est une poudre minérale autrefois composée de sulfure de plomb ou de sulfure d'antimoine. Elle fut aussi composée dans le passé d'un mélange de plomb sous forme de galène, de soufre et de gras animal, voire de bois brûlé ou de bitume, utilisée pour maquiller et/ou soigner les yeux. En effet, Les Égyptiens utilisaient la mesdemet en tant que collyre pour prévenir et soulager des infections oculaires, et peut-être aussi pour protéger les yeux des fortes réfractions de la lumière du désert. Les pharaons et leurs sujets semblent avoir été également conquis par l'effet esthétique que conférait la mesdemet à leur regard, et aussi bien les femmes que les hommes l'utilisaient pour se maquiller. Le khôl peut être noir ou gris, selon les mélanges qu'il contient. Si le khôl est maintenant théoriquement utilisé sans plomb toxique en tant que cosmétique pour souligner le tour de l'œil, des intoxications graves par le plomb sont encore constatées à la suite de l'usage de khôl contenant du sulfure de plomb. Le khôl semble d'ailleurs avoir autrefois surtout eu un objectif médicinal, sa toxicité ayant une fonction biocide. Il a même peut-être été le premier antibiotique composé de molécules chimiques synthétisées par l'homme, il y environ 4 000 ans.
Arbre à myrrhe (Commiphora mirrha)
Résine de myrrhe
Myrrhe : La myrrhe est une gomme-résine aromatique produite par l'arbre à myrrhe. L'histoire de la myrrhe est aussi ancienne que celle de l'encens. Les Egyptiens la connaissent depuis quatre millénaires et en faisaient un des composants du kyphi (sorte d'encens sacré). Elle était également utilisée dans les embaumements. Pour les hébreux, la myrrhe est l'un des principaux composants d'une huile d'onction sainte. A ce titre, elle fait partie des cadeaux apportés à Jésus par les rois mages. Balthazar apporta de la myrrhe en offrande (signe d'une souffrance future) alors que Melchior offrit de l'or (symbole de royauté) et Gaspard de l'encens (symbole de divinité). Du vin mêlé de myrrhe a été proposé à Jésus (qui l'a refusé) avant sa crucifixion pour atténuer les douleurs immenses de ce supplice. La myrrhe, astringente, est utilisée dans le traitement des ulcères de la bouche et des gencives.
Source : Wikipédia, l'encyclopédie libre
***************************************************************
Au Moyen-Age de 476 à 1453 jusqu'en 1492
(A noter : en 1453, chute de l'empire Romain et en 1492 découverte de l’Amérique et début des Temps Modernes).
Les Croisés ont rapporté le maquillage en Europe du Nord à partir du XIIème siècle. Dès le XIIIème siècle, les nobles utilisent du fond de teint, de la teinture pour les cheveux et du parfum. Les femmes utilisent de la farine, du corail blanc et de la céruse pour se blanchir le teint. Le maquillage est condamné par l’église car il est symbole de luxure. La femme parfaite doit être mince et élancée, avoir la peau blanche et être blonde. Les prostituées devaient avoir les cheveux “carotte” pour être reconnues. Cette couleur s’obtenait avec du safran ou avec de la garance (plante dont les racines sont utilisées pour teindre les textiles en rouge vif). A noter : des cure-dents, en bois par exemple, et des pâtes à base de corail et d’herbes assainissantes servaient à se laver les dents et un linge servait à les frotter .
La Renaissance de 1453 à 1492 et jusqu'à 1610
A la Renaissance, l’idéal de beauté féminine consistait à avoir le teint diaphane, les lèvres, les joues, les ongles rouges et les cheveux dorés. Pour obtenir un blond vénitien, les femmes enduisaient leur chevelure d'un mélange de safran et de citron et exposaient leurs cheveux au soleil. Par ailleurs, elles se poudraient le visage à la céruse et à l'ocre rouge et se teintaient les lèvres avec de la teinture de cochenille.
Époque des Temps Modernes de 1453 à 1492 et jusqu'à 1789
Madame de Pompadour (1721-1764) par François Boucher
A partir du XVIIème siècle, l’usage du maquillage s’étend à toutes les classes sociales. Alors qu’au XVIIIème siècle, on abusait du rouge et on se fardait même pour dormir, le XIXème siècle est marqué par un certain retour au naturel.
L'époque des temps modernes commence avec Charles VII, la nudité devient esthétique, notamment grâce à l’art. Les critères de beauté ont quelque peu changé, la femme doit avoir des rondeurs, mais pas trop quand même, pour être belle, mais toujours la peau claire et les cheveux blonds si possible. Les yeux et les cils sont maquillés avec de l’antimoine noir, hautement toxique (cousin de l’arsenic sous forme de cristaux), du vermillon est porté sur les lèvres, les ongles et les joues (pour les nobles évidemment). Il est à noter que pour avoir les cheveux blonds comme les italiennes, les femmes s’enduisent les cheveux de safran et de citron puis restent au soleil pendant des heures. Les femmes placent des boules de musc (le musc provient de glandes abdominales de cerfs) dans leur bouche pour se parfumer l’haleine. A l’époque de Louis XIV, toutes sortes d’artifices sont utilisés pour être beau et paraître propre. Par exemple, les mouches sur le visage, afin de camoufler les boutons et les cicatrices dûs à la variole (petite vérole) mais après la découverte du vaccin de cette maladie en 1796, la mouche est devenue l’ élément esthétique indispensable. (voir à ce propos mon article du 21.06.2019 Le langage des mouches et des éventails au XVIIIe siècle ).
Où sont placées les mouches sur le visage ?
- “La Majestueuse” : se porte au milieu du front,
- “La Passionnée” : au coin de l’œil,
- “L’Effrontée” : au bout du nez,
- “La Baiseuse” : à la commissure des lèvres,
- “La Receleuse” : sert à dissimuler un bouton.
Le parfum est largement répandu pour essayer de cacher l’odeur de crasse, des gens, des animaux et des excréments. On se farde le jour comme la nuit !
A noter : il y avait bien des cabinets d’aisance (chaise d’affaires pour le Roi) et des latrines au château de Versailles, mais en raison d’un nombre trop limité, des systèmes de pots de chambre portatifs ont été inventés, seulement, parfois, les gens étaient obligés de se soulager où ils pouvaient. Le nom de ce pot est un bourdaloue. Vous imaginez ce que cela signifie en terme d’hygiène et d’odeur...
Un exemple de bourdaloue joliment décoré
Explication du mot bourdaloue
L’origine du mot vient de la cour de Louis XIV où dans la chapelle royale l’abbé Louis Bourdaloue (1632-1704), appelé Roi des prédicateurs et prédicateur des rois avait l’habitude de faire des prêches interminables.
La longueur effarante de ses sermons en chaire, s’imposant souvent pendant plus de deux heures d’affilée, ne pouvait manquer de poser quelques problèmes intimes, et clairement mictionnels, aux dames de la haute société placées tout en avant dans la chapelle, mais incapables alors de se soulager de vessies douloureuses. Cachées sous la crinoline, avec l’avantage des culottes de l’époque fendues d’avant en arrière, cet objet astucieux pouvait libérer ces pénitentes qui confiaient alors discrètement à leurs dames de compagnie le soin de vider l’instrument fort peu sacré derrière l’édifice religieux. Le mot est utilisé aussi en chapellerie (ruban du chapeau) et en pâtisserie (tarte aux poires avec de la crème d’amandes… ).
Source pour le mot bourdaloue : Site du Conservatoire du patrimoine hospitalier de Rennes - www.cphr.fr
************************************
Image slideplayer.fr - Formation d’ambulancier en Transport Médico-Sanitaire
Au XVIIIème siècle, c'est le renouveau qui arrive. En effet, depuis le Moyen-Age, les déchets et les pots de chambre étaient jetés par les fenêtres. Se promener dans la rue à l’époque promettait donc potentiellement d'avoir quelques surprises… Cependant, il faut attendre le règne de Napoléon III pour implanter tout un réseau d’égouts sous les grandes avenues. Les premières latrines collectives sont créées, mais aussi les premiers trottoirs et le transport des eaux usées par un système de chasse d'eau dans les souterrains. Si à cette époque, on abusait du rouge et on se fardait même pour dormir, le XIXème siècle est marqué par un certain retour au naturel. Les habitudes bien ancrées sur le maquillage et l’hygiène sont totalement revues. En effet, dès 1906, on ne met plus de fard blanc à base de céruse sur le visage, au contraire, on préfère un maquillage qui s’adapte à la forme du visage et on utilise la paraffine et la vaseline. On prend soin de faire sa toilette et on ne met plus de parfum à outrance.
A partir de 1930, la mode est d’avoir un teint halé. D’ailleurs, de nos jours, nous cultivons toujours ce teint qui nous fait l'effet d'avoir bonne mine. Pendant des millénaires, fautes de moyens et de connaissances, des populations ont utilisé des produits toxiques et ont souffert de manque d’hygiène, que ce soit pour des critères de beauté ou pour diverses croyances. Il a fallu attendre le XXe siècle pour commencer à comprendre les besoins du corps humain. L'industrialisation et les progrès scientifiques ont bouleversé le monde des cosmétiques au XXème et au XXIème siècles, avec notamment l’apparition de parfums de synthèse, de tensioactifs et de conservateurs.
Sources : Site internet "Lillelettrée" - D'après un article sur l'hygiène et le maquillage de l'Antiquité à nos jours paru en 2015 et également le site Gralon.net, d'après un article paru en 2008 sur le même sujet.