Les bijoux des provençaux
De tous temps les bijoux (en provençal : belio, belori, jouièu, daururo ou dauraduro) ont existé. Les hommes portaient-ils des bijoux ? Très peu. Le plus répandu était la giletière (chaînette en or ou en argent, à laquelle était accrochée la montre à gousset (la montre à gousset tient son nom de la poche de gilet (gousset) dans laquelle elle était placée). Cette chaîne était parfois agrémentée de médailles ou de pendeloques. Les épingles de cravate sont apparues assez tard et n'étaient pas portées avec le costume provençal, de même que les boucles de souliers. Certains possédaient des tabatières en métal précieux qui pouvaient être de véritables oeuvres d'art.
Cigale d'argent (Photo Bijouterie Pinus à Arles)
Cigale d'or (Photo Bijouterie Pinus à Arles)
L'avènement du Félibrige a vu l'apparition de quelques bijoux particuliers telle l'étoile à sept rayons, la cigale et la pervenche, qui très vite sont devenus des insignes de distinction. L'étoile à sept rayons, en or, est portée par le Capoulié, en argent par les Syndics des Maintenances, la cigale d'or par les "Majourau", la cigale d'argent portée par les "Mestre d'obro"et les "Mestre en gai sabé". Quant à la pervenche, tous les félibres ont le droit de la porter.
Du coulas à la coulano : Chez les femmes, les bijoux les plus portés étaient les tours de cou. Il y eut, d'abord, le simple "coulas" de velours, enserrant le cou, blanc pour les jeunes, noir pour les plus âgées, que l'on n'enlevait jamais. Puis, les décolletés devenant de plus en plus profonds, le tour de cou s'est ensuite agrandi pour devenir un collier, en velours toujours, ou en or, qui est appelé "coulano". Chez les gens riches, cette coulano, en or, comportait plusieurs rangs. La coutume voulait que l'on offre un nouveau tour à la maman chaque fois qu'elle avait un enfant et on pouvait ainsi savoir le nombre de ses enfants. Au collier était quelquefois accrochée une montre, en or, plus rarement en argent, souvent à double boîtier afin de protéger le verre, et à la face arrière finement ciselée. Elle était accompagnée de la petite clé qui permettait de la remonter. Mais, en général, la Provence maritime étant à forte majorité catholique, c'est une croix en or qui était suspendue au collier. Celle-ci, signe de richesse était complétée de chatons en or ou en argent sur lesquels étaient sertis des diamants. Le nombre de pierres, s'il est une marque de richesse, donne également son nom à la croix. Les plus grandes, celles qui en ont le plus sont les "Dévotes". On compte sept diamants sur les "Jeannettes", six sur les "Maintenons", cinq sur les "Capucines". Les "Papillons", qui portent aussi cinq diamants, doivent leur nom à une fine décoration ajourée qui relie les branches de la croix et font penser aux ailes d'un papillon. Les croix "Maltaises", inspirées de la croix des chevaliers de Malte n'étaient portées que par les Arlésiennes. Toutes ces pièces étaient des oeuvres d'art. En Haute-Provence, plus pauvre, les croix ne comportaient pas de diamants, mais elles étaient en or et les plus belles à double face ciselées. La croix "de famille" était offerte à la fille aînée le jour de ses vingt ans. Les Bas-Alpins, venus nombreux en Basse-Provence, y ont introduit ces croix. Les protestantes ne portaient pas de croix mais un pendentif représentant une colombe, c'est-à-dire, le Saint-Esprit. Cependant, certaines provençales remplaçaient la croix par un pendentif, un camée, un médaillon à cheveux ou à miniature, ou encore un petit miroir. Les plus pauvres se contentaient souvent d'une médaille.
Les boucles ou les pendants d'oreilles : Les boucles ou les pendants d'oreilles étaient portés par toutes les femmes. De tous temps les femmes ont porté des boucles ou anneaux d'oreilles. Dès l'âge de quatre ou cinq ans on faisait percer les oreilles des fillettes. Cela, disait-on, leur soulevait les "humeurs", c'est-à-dire faisait sortir les impureté du corps (fièvre, boutons, pus, etc...) et guérissait aussi bien des maux... Le jour de l'opération, pour laquelle il fallait se rendre chez un bijoutier, la marraine offrait à sa filleule des pendants comportant une pierre bleue pour les blondes, des grenats pour les brunes. Les pendants (créoles, poissardes ou fileuses) étaient assortis au visage : longs pour un visage rond, ronds pour un visage allongé. Les "dormeuses" étaient des pendants plus légers que l'on pouvait garder la nuit, d'où leur nom. Chez les personnes de condition modeste, les pendants en chrysocal étaient très prisés. Le chrysolcal est un alliage de cuivre, d'étain et de zinc qui imite l'or. On ne trouve pas de pendants et autres bijoux en corail dans le Var, alors qu'ils étaient assez courants à Marseille et Arles. Les perles étaient pratiquement inconnues en Provence.
Le clavier : C'est une chaîne à un ou deux rangs, en argent, ou simplement en fer chez les pauvres, tenue à la ceinture par une bande métallique du même métal que la chaîne, courbée en "U" et formant agrafe. C'était un cadeau de mariage et, le jour des noces, à la sortie de l'église, la mariée remettait la clé de la maison à l'épousée qui l'accrochait au clavier, ce qui signifiait, qu'elle était désormais maîtresse chez elle. Elle y suspendait aussi le ciseau à broder. La chaîne est plus ou moins riche, plus ou moins lourde, mais c'est surtout l'agrafe qui donne de la valeur à l'objet : sa face visible est ciselée et porte un motif décoratif, le plus souvent une lyre (voir le site ci-dessous).
Les boucles à travers le temps
https://boucles.clicforum.fr
Broches, bracelets, bagues : La provençale portait une broche : camée, miniature dans un cadre ovale en or, sujets divers, fleurs, motifs géométriques, rarement des animaux (aigle, colombe). Elle assurait la fermeture du corsage et du fichu et était donc indispensable. L'usage voulait que la broche soit assortie aux pendants. Peu de bracelets sont parvenus jusqu'à nous, très fins, ils étaient fragiles.
La femme mariée portait un coulas d'or au bras droit, avec une pendeloque ou une croix. Cette coutume qui fut en vigueur jusqu'à la Restauration n'a pas été suivie en Basse-Provence. Les bagues anciennes sont également très rares. Elles étaient en or ou en argent avec un diamant serti dans un cabochon. Les boucles de souliers n'ont eu qu'un temps bref, mais les agrafes de manteaux, fermaux et fibules ont survécu à l'usage des boutons.
Les étoiles noires : Il y a des bijoux qui sont assez recherchés, portant des étoiles noires à cinq rayons, et appelées justement "étoiles noires" ou pierres de Saint-Vincent. On affirme que ce sont des éclats de météorites, trouvés tels quels. Les érudits les appelent pentacrines, échinodermes marins fossilisés. On en trouve à Digne dans les Alpes-de-Haute-Provence, au Santuaire de la Madonne d'Utelle dans les Alpes-Maritimes. Ces étoiles se prêtaient à la confection de bijoux : boucles d'oreilles, broches "comète", croix, etc... Elles viennent de la région de Digne et, comme les croix d'or, elles ont été adoptées en Basse-Provence.
L'atelier de couture - Antoine Raspal - 1760 - Musée Réattu à Arles
Source : D'après le livre "Le costume populaire provençal", Rodo de Basso Provenço, Musée des Arts et Traditions Populaires en moyenne Provence, Edisud.
Je mets ci-dessous le lien pour le site "Les bijoux des français". Je vous souhaite une bonne balade dans ce site vraiment très intéressant.
bijoux régionaux - bijou régi Antoine Raspal, 1738 - 1811, sa Arlésienne porte un bracelet Coulas et une croix de Malte musée Granat, communauté du Pays d'Aix Bijoux emblématiques des Arlésiennes, le bracelet Coulas et la croix maltaise ont été portées depuis le 18 ème siècle.
http://www.bijouxregionaux.fr