Le château de la Verdière, le plus vaste château privé de Provence
Cela commence comme un conte de fée. Il était une fois, en Provence, un immense château, dont le seul et dernier occupant était un très vieux marquis sans descendance. Il avait pour nom Palamède de Forbin d'Oppède (1816-1900), dernier descendant d'une illustre famille de la noblesse provençale. Dans ce lieu hors du temps où des générations d'ancêtres avaient construit, vécu, pensé et aimé, il condamnait une par une les pièces de son château, contraint et forcé par la pluie qui à la moindre averse s'infiltrait à travers les plafonds craquelés et les fenêtres brisées. Dans les intérieurs, les tissus usés, les papiers-peints fanés, les décors de gypseries délités, les meubles entassés et les portraits éteints s'endormaient dans un triste sommeil pour ne plus jamais se réveiller. Le grand escalier, transformé en torrent par des années d'intempéries, semblait encore conduire vers le parc où même les allées empierrées et les délicates broderies de buis se mêlaient à la broussaille. Mille ans d'Histoire s'étiolaient ainsi lentement mais sûrement, sans que quiconque ne puisse agir. Puis, plusieurs années après la mort du marquis, alors que personne n'osait reprendre ce lieu dévasté où les travaux s'annonçaient titanesques, des passionnés s'attelèrent à la restauration minutieuse de ce fleuron du XVIIIs siècle. Entrez donc, et prêtez l'oreille au froufrou soyeux des robes et au clapotis mélodieux des bassins. Un château se réveille, laissez-vous guider par ses parfums oubliés...
Un brin d'Histoire
Attesté dès 980 dans les actes de propriété de la puissante famille de Castellane, le château de la Verdière fut probablement construit à l'emplacement d'un ancien castrum antique, ce qui lui a valu au Moyen-Âge d'être une forteresse stratégique contrôlant la route qui reliait deux cités provençales de premier plan : Arles et Castellane. Après plusieurs siècles entre les mains de la prestigieuse famille de Vintimille, le château et ses domaines retournent dans le giron des Castellane et passe par mariage à la célèbre famille de Forbin, à qui l'on doit en grande partie le rattachement de la Provence au Royaume de France. Cette alliance permettra ainsi aux Forbin d'Oppède de se fixer à la Verdière et de transformer le château fortifié en une demeure de plaisance dès le XVIIe siècle. C'est toutefois au XVIIIe siècle que Louis-Roch de Forbin, ancien militaire de carrière, se retire dans le château de ses ancêtres et opère des remaniements tels que le château se métamorphose en une somptueuse demeure d'apparat ornée de fastueuses gypseries qui sont considérées comme les plus belles de Provence. Profondément mutilés et pillés pendant la tourmente révolutionnaire, le château et son domaine sont cependant remis en état par les Forbin dont le rayonnement survivra à ce tragique épisode. Le XXe siècle n'empêchera pourtant pas leur extinction, et plongera le château dans une période d'abandon aussi dommageable qu'irréversible, le château ruiné prenant l'eau et l'humidité de toutes parts. Acheté, il y a plus de dix ans par ses actuels propriétaires : les Champavère, le château de la Verdière a retrouvé, après des campagnes de travaux et de restauration des plus poussées, ses fastes et ses splendeurs d'antan.
Découvrir le château
Le château de la Verdière s'étend sur une superficie de 5 000 m2 et compte 120 pièces. Il a été classé monument historique en 1986. Aujourd'hui, visiter le plus vaste château privé de Provence, c'est découvrir des enfilades de salons meublés qui ont conservé leurs magnifiques décors de gypseries et qui gardent encore l'empreinte d'un art de vivre noble et raffiné. Ses principaux attraits sont :
- Une salle de bal de 25 mètres de long qui abrite de nos jours une exceptionnelle série de tapisseries du XVIIe siècle consacrées à Diane chasseresse.
- Un escalier d'honneur à l'italienne ayant conservé ses peintures en trompe l'oeil, desservant une impressionnante terrasse d'où l'on jouit d'une vue admirable sur toute la région.
- Deux salons d'apparat entièrement meublés, dotés pour l'un d'un mobilier français et italien des XVIIe et XVIIIe siècles, pour l'autre d'un rare papier peint panoramique de la Manufacure Zuber où les cinq continents se confondent.
- La salle à manger et son vaisselier monumental.
- La chambre dite de l'évêque avec son mobilier provençal et son lit à la turque du XVIIIe siècle.
- Le cabinet d'hygiène d'époque Louis XV et sa garde-robe.
- La suite d'été meublée, entièrement ornée de chinoiseries inspirées des célèbres gravures de François Boucher.
Source : Dépliant touristique présentant le Château de la Verdière.
Si vous voulez lire ou relire un premier article sur le Château de la Verdière publié le 19.10.2016, le lien est dessous.
La Verdière a été occupée dès l'Antiquité étant donné les enjeux stratégiques et économiques que son site présentait. Le château, construit sur un ancien castrum, et la colline Notre Dame de la Salette, ancien oppidum pré-romain, sont les premières traces de cette occupation antique.