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  • Bienvenue chez moi à Trans en Provence dans le Var. Je vous invite à la découverte de la Provence et du Var en particulier à travers son histoire, son patrimoine, ses traditions, ses coutumes, ses légendes, etc...
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5 octobre 2019

Les parfums de Grasse

 

Musée international de la Parfumerie à Grasse

Musée International de la Parfumerie à Grasse (Photo www.worldeventlistings.com )

Le Musée International de la Parfumerie, créé en 1989 à Grasse, capitale de la parfumerie de luxe, est un musée unique au monde. Il a obtenu le label "Musée de France". Cet établissement permet aux visiteurs de découvrir l'histoire et l'originalité du métier des industriels et des grandes maisons de parfumerie. Véritable témoignage de l'histoire internationnale technique, esthétique, sociale et culturelle de la tradition de l'usage des senteurs, le musée aborde l'histoire des fragrances sous tous ses aspects. Depuis plus de 4000 ans, le parfum a sublimé la femme de cette odeur faguce éveillant des souvenirs souvent associés à des désirs. Le parfum, dont la signification est de répandre une fumée, servait alors dans les ordres religieux de l'Egypte ancienne et de l'Orient, tandis que le culte de la beauté du corps de la civilisation romaine y trouva un véritable engouement. Vers 800 après J.C., les apothicaireries fabricaient des substances parfumées pour lutter contre les épidémies, et Montpellier, célèbre pour ses huiles et ses pommades, étendait son marché sur les foires de Provence. La ville de Grasse est située à 350 mètres d'altitude et à une vingtaine de kilomètres de la Méditerranée. Elle jouit d'un microclimat qui permet les cultures de plantes locales mais également exotiques qui entrent dans la composition des parfums. La première distillation de la cité remonterait à 1595, lorsque la corporation médiévale des gantiers utilisait les fleurs locales pour parfumer ses cuirs. 

Habit de parfumeur

Habit de parfumeur - Vente ambulante de divers produits aromatiques vers 1700 - Illustration de Nicolas de Larmessin (Musée International de la Parfumerie à Grasse)

Habit de parfumeur

Habit de parfumeur - Statue de Tomek Kawiak (1997) au Musée International de la Parfumerie à Grasse (Photo prise sur le blog http://missgleniandco.canalblog.com/)

En 1614, le roi de France introduisit par lettre patente, le titre de "Maître Gantier Parfumeur". C'est en 1724 que ces nouveaux artisans se détachèrent définitivement de la tannerie et fondèrent leur propre corporation, ancêtre de l'association actuelle des parfumeurs de Grasse, et dont l'éventail des produits se diversifia : pâtes aromatisées à base de graisse de porc et d'huile, poudres, savons parfumés à l'iris et à la rose présentés dans des coffrets ou encore des flacons fabriqués industriellement. Malgré les difficultés de transport par les caravanes muletières ou par la mer vers la voie rhodanienne ou encore la Toscane, ces parfumeurs évitèrent la concurrence parisienne en se spécialisant dans la fabrication et la vente des matières premières nécessaires à l'élaboration de tous les produits de parfumerie, dont l'approvisionnement en fleurs fraîches qui fit la prospérité des paysans locaux autour de Grasse. 

Ingrédient-rose-parfum

(Photo trouvée sur le site Carrementbelle.com)

Le jasmin pousse bien jusqu'à Fayence préférant cependant avec la rose, les terrasses argilo-calcaires du Trias : Plascassiers, Mougins, Peymeinade, etc... Les violettes, elles, poussent sur les sols pauvres de Tourettes-sur-Loup, tandis que les alluvions de la Siagne permettent aux géraniums, tubéreuses, résédas et menthes de se développer. Les orangers de la Riviera, les oeillets de Bellet, la lavande et les mimosas sont autant de senteurs qui génèrent des secrets de fabrication. En 1768, c'est Antoine Chiris qui fonde les premières parfumeries grassoises à dimension industrielle et qui, dès 1825, régneront sur le marché européen et d'Outremer avec 40 parfums.

Après la distillation, puis l'enfleurage (voir les explications de ces mots à la suite du texte), le procédé suivant est l'extraction, permettant de prélever le parfum des fleurs sous un maximum de contentration et de puissance, pour obtenir la "concrète" à l'aide d'un solvant qui s'évapore. Le cueillette des fleurs est délicate et en particulier celle du fragile jasmin qui doit se faire lorsqu'il est entrouvert, juste avant le lever du soleil. Autrefois, leur triage avant lieu dans un hangar, comme pour les autres fleurs. Les femmes, qui venaient pour la plupart d'entre-elles du Piémont, étaient assises autour d'une longue table recouverte de fleurs entêtantes. Elles les triaient une à une, sous l'oeil de surveillants en canotier de paille ou chapeau melon, endimanchés et guindés. 

Triage des pétales

La récolte annuelle entre 1900 et 1930 était de 600 000 à 1.4 million de kg, sachant qu'il faut une tonne de jasmin pour fabriquer 3 kg de "concréte". A Grasse, quatre parfumeurs de renom offent des visites et dévoilent leurs secrets de fabrication : Fondée en 1926 par un ancien notaire parisien, Eugène Fuchs, Fragonard est installé depuis cette époque dans une des plus anciennes fabriques de la ville qui fut bâtie par le parfumeur Claude Monet en 1841. Cette fabrique est ainsi nommée en hommage au grand peintre local Jean Honoré Fragonard, lui-même fils d'un maître gantier parfumeur à la Cour. Jean Galimard, seigneur de Séranon, fondateur de la corporation des gantiers parfumeurs, qui fournissait la cour du roi Louis XV, crée la parfumerie Galimard en 1747. 

Molinard-parfums-grasse_153828

Parfumerie Molinard à Grasse (Photo du site nicetourisme.com)

Molinard contribue depuis 1849 à mettre en valeur la ville, développant son savoir-faire traditionnel et artisanal, et fait découvrir ses flacons anciens, au cours de visites dans les décors provençaux authentiques des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Quant à Guy Bouchara, il allie créativité olfactive et tradition artisanale en utilisant des essences qui ont fait la renommée de Grasse, tout en faisant admirer une collection d'étiquettes anciennes de la corporation, tandis que la "Parfumerie de Grasse" révèle les "Authentiques parfums" de la région, dans son atelier artisanal. 

Source : D'après un article de Lucienne Delille paru dans l'Almanach des Provençaux et du Comté de Nice, 2016.

Alambic

Des alambics et au sol des pétales de roses (Photo du site du parfumeur Fragonard (www.fragonard.com)

Complément : la distillation

La technique de la distillation repose sur la capacité de la vapeur d'eau à capter les huiles essentielles.
Connue dès l'Antiquité, elle s'est perfectionnée dans la civilisation arabe à partir du VIIIème siècle et reste aujourd'hui une technique majeure de la parfumerie traditionnelle.
Les fleurs ou végétaux divers à distiller sont placés sur un plateau perforé situé à la partie supérieure de la cuve d'un alambic remplie d'une eau portée à ébullition. En s'élevant, la vapeur dégagée s'imprègne au passage des principes odorants de ces plantes et les entraîne dans un serpentin où un système de réfrigération permet sa condensation. Le mélange d'eau et d'huile essentielle ainsi obtenu est alors récupéré dans des essenciers, encore appelés vases florentins, dans lesquels les deux liquides se séparent naturellement par différence de densité. Les huiles essentielles sont recueillies à la surface pour être utilisées en parfumerie, tandis que les eaux parfumées de certaines essences (eau de rose, eau de fleur d'oranger…) sont réservées à d'autres usages.

Enfleurage

Châssis en verre pour l'enfleurage (Photo du site Pinterest.co.uk)

Complément : L'enfleurage

La technique de l’enfleurage repose sur le pouvoir des corps gras à absorber naturellement les odeurs. Elle peut être pratiquée, selon la différence de résistance des plantes à la chaleur, à chaud ou à froid.
L’enfleurage à chaud ou macération consiste à faire infuser les fleurs ou autres éléments odorants dans des matières grasses, huiles ou graisses, préalablement chauffées. Les mélanges obtenus sont ensuite filtrés à travers des tissus afin d’obtenir des onguents parfumés. Cette technique connue dès l’Antiquité fut complétée au cours des siècles avec les progrès réalisés dans les autres méthodes d’extraction. Le lavage mécanique à l’alcool de ces pommades parfumées dans des batteuses permet ainsi de produire un extrait alcoolique parfumé après séparation des produits graisseux et alcooliques.
Les fleurs les plus fragiles, comme le jasmin, la tubéreuse ou la jonquille ne supportant pas d’être chauffées, se développa également la technique de l’enfleurage à froid. Très répandue dans la région grassoise jusque dans la première moitié du 20ème siècle, elle consiste à étaler une couche de graisse inodore sur les parois d’un châssis en verre que l’on recouvre ensuite de fleurs. Ces fleurs sont renouvelées jusqu’à ce que la graisse soit saturée de parfum. Les pommades parfumées obtenues peuvent être utilisées en l’état pour la fabrication de produits cosmétiques. Traitées à l’alcool dans des batteuses pour les décharger de leur graisse, elles permettent d’obtenir après évaporation une absolue.

Source : Site du parfumeur Fragonard (www.fragonard.com) 

Molinard-grasse-provence-30joursaparis

Complément : Les sept familles de parfums

      Devant la diversité des compositions parfumées, le Comité français du parfum a établi une classification en sept grandes familles, elles-mêmes subdivisées en sous-familles. Ces appellations sont applicables tant pour les créations féminines que masculines. 1. Les hespéridés regroupent des parfums résultant de l'expression des zestes d'agrumes (orange, bergamotte...). 2. Les floraux correspondent aux parfums à dominante fleurie (rose, tubéreuse...). 3. Les fougères, contrairement à leur appelation, ne sont pas le reflet de l'odeur de ces plantes, mais associent des notes boisées et lavandées. 4. Les chyprés doivent leur dénomination à un parfum créé par François Coty en 1917, "Chypre". Ce sont des odeurs de mousse de chêne accompagnées de notes fleuries et fruitées. 5.Les boisés sont plutôt destinés à une clientèle masculine. Ils utilisent le santal ou le cèdre, mais également le patchouli et le vétiver. 6. Les ambrés, appelées également les orientaux, présentent des fragrances chaudes et poudrées aux fréquents accents vanillés. 7. Les cuirs, davantage masculins, évoquent les odeurs de tabac, de fumée ou de peau.

Source : Le livre "Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Provence sans jamais oser le demander - Les miscellanées du docteur Giraud - Editions Ouest-France, 2015.

Parfums et fleurs

(Photo Futura-sciences.com)

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Cet article est à rapprocher de celui paru le 2 août 2015 : Grasse, ville d'histoire, dont vous trouverez le lien ci-dessous.

Grasse, ville d'histoire - Passion Provence

Capitale de la Provence orientale, sous-préfecture des Alpes-Maritimes, Grasse demeure, à travers les mutations de la Côte d'Azur, un chef-lieu administratif et un pôle d'attraction économique. Le site de Grasse était peuplé dès le néolithique (5 000 ans avant J.C.

 

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Commentaires
M
Un grand merci d'une grassoise!
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G
Merci Nadine pour cet article fort intéressant plein de senteurs.<br /> <br /> Meilleurs souvenirs<br /> <br /> Giselle
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A
Ton article est très intéressant, j'ai appris plein de choses! L'habit de parfumeur avec toutes ses poches m'a beaucoup plus!<br /> <br /> Gros bisous ma belle!
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